UN APRES-MIDI DE CHIEN : VIVRE SANS TENDRESSE

  Quatre ans après leur première collaboration sur "Le Parrain" de Francis Ford Coppola, Al Pacino et John Cazale se donne à nouveau la réplique sous la direction de Sidney Lumet dans "Un après-midi de chien". Inspiré d'un fait divers relatant un braquage de banque ordinaire virant au tapage médiatique, le film rafle cette année-là toutes les récompenses des Oscars et des Golden Globes. Le réalisateur, adepte du cinéma qui hante les rues encrassées par la réalité et la misère sociale, s’amourache de la portée sociétale du casse et le transforme en porte-étendard d'un mal-être américain.   Synopsis :  Sonny et Sal entrent dans une banque par une chaude après-midi de l'été 1972 avec l'intention de faire un casse aussi rapide que lucratif. Entre désertion, improvisations et curiosités malvenues, le braquage vire à la prise d'otage ne laissant d'autres choix que la négociation ou la mort.    Les faits divers, et notamment ceux mettant en scène de

FREE GUY : UN DIVERTISSEMENT DÉRÉGLÉ

Après plus d'un an de reports à cause de cette petite folie que l'on appelle le coronavirus, "Free Guy" est venu sévir dans les salles obscures françaises. Sous la houlette de Shawn Levy, Ryan Reynolds va se plonger dans le monde du jeu vidéo pour livrer un film d'action/comédie sans cheat codes. Mais la question demeure, "Free Guy" mérite t-il de devenir Game of the Year ?

 SYNOPSIS :

Guy est un pnj (personnage non jouable) dans un jeu vidéo. Son rôle : Se faire martyriser par les joueurs du jeu Free City chaque jour lors du braquage de la banque où il travaille. Guy ignore tout du jeu vidéo dans lequel il vit jusqu'au jour où MolotovGirl, une joueuse, le fait tomber amoureux et découvrir la vérité sur le monde qui l'entoure.

 


Il est toujours très compliqué de faire un film dans l'univers du jeu vidéo, en terme d'adaptation les films Hitman et Resident Evil en sont la preuve. Toutefois, c'est en général une bonne machine à sous puisque tous les amoureux des licences vont se précipiter dessus avant, parfois, de le regretter amèrement. Mais il existe une autre voie qu'emprunte ici Shawn Levy, faire un film sur le jeu vidéo en se contentant d'y insérer des références aux grandes licences pour attirer le public plus général des joueurs. Et là dessus, force est de constater que le film remplit plutôt bien son rôle en réussissant à faire référence à des licences (déjà) plus anciennes comme Metal Gear Solid ou Halo, mais également en intégrant tous les grands succès du moment comme Fortnite ou Call of Duty. Toujours est-il que les références ultimes ne viendront pas des jeux vidéo mais du cinéma, ce qui est à la fois très réussi mais dommage pour un film qui se veut cadré autour de l'univers vidéoludique.

Bien évidemment on ne pourra s'empêcher de penser à "Ready Player One" de Steven Spielberg reposant sur les mêmes mécaniques même si ici le ton de la comédie l'emporte plus sur l'aspect aventure. Malheureusement, le film ne parvient pas à maintenir son cap pendant les presque deux heures qui le composent. Si la première partie du film mêle astucieusement comédie et aventure, la seconde partie se travestie dans une sorte de comédie romantique peu inspirée avant de se ressaisir le temps d'un affrontement final et de faire à nouveau retomber le soufflé.  Dommage donc, mais ça ne gâte pas réellement le caractère divertissant de l'histoire qui nous porte tranquillement vers sa conclusion.


 Toutefois, "Free Guy" n'échappe pas à deux ou trois écueils tellement prévisibles qu'ils en deviennent lassant. Le premier de ces écueils et le caractère hautement publicitaire du film. On le sait, un film sur les jeux vidéo va s'adresser à un public familial mais aussi et prioritairement de joueurs. Aussi on n'est pas étonné de voir débarquer des placements publicitaires qui ne s’embarrassent d'aucune subtilité ainsi que des caméos de streamers dans le seul but de draguer une fan base conquise. Moindre défaut j'en conviens. 

Le second problème est une habitude que connaissent tous les joueurs de jeux vidéo : Le cliché. Ainsi "Free Guy" n'échappe pas à la règle puisque pour le film, les joueurs sont tous des parangons de violence, de sexisme et d'adultes sans maturité vivant dans la cave de leurs parents. Et je tiens vraiment à souligner que ces schémas de pensée sont ceux d'un autre siècle et qu'il serait temps d'apporter un regard neuf sur cette passion. Je referme ici cette parenthèse qui pourrait faire l'objet d'une chronique à part entière. Pour finir sur les clichés, il en va de même sur de nombreux personnages allant du programmeur fan de 0 et de 1, du chef d'entreprise aussi vénal que taré, et de l'athlète complètement décérébré. 

Enfin dernier loupé dans l'écriture du scénario, un grand classique du voyage dans le temps qui s'applique, ici, à la création d'un univers de jeu vidéo : Le non-respect des règles édictées par le film.
Si depuis la sortie de "Avengers Endgame" les frères Russo ne cesse de se compromettre en acrobaties et sauts périlleux à chaque interview pour expliquer leur voyage dans le temps, c'est simplement parce que leur film ne respecte pas les règles qu'il établit dans ses fondations. Ici c'est la même chose. La première moitié du film nous explique un ensemble de règles, propres à "Free City", sur ce que peuvent ou non faire les joueurs et les PNJ avant de simplement les ignorer ou les contredire dans la deuxième partie. Et dans ce cas, on ne parle pas simplement de petites incohérences, mais simplement d'un point de passage dans le film où le scénario semble avoir totalement oublié les règles pour pouvoir accélérer jusqu'à la conclusion. 


En conclusion, "Free Guy" est sans nul doute un très bon divertissement familial avec des références à gogo pour qui saura les détecter sans que ce ne soit excluant pour ceux qui ignorent tout du jeu vidéo. Toutefois, il cède beaucoup trop souvent à la facilité scénaristique ou à la paresse intellectuelle pour devenir quelque chose de plus qu'un divertissement classique de l'été que l'on aura assez vite oublié. On aimerait également que Taika Waititi soit un peu mieux employé que simplement pour jouer les grands cons délirants et clichetonnants. 

Je vous invite à aller voir ce film et à vous faire un avis, car après tout, rien ne vaut votre propre avis. 

 
Date de sortie : 11 août 2021 / 1h 55min / Comédie, Action, Aventure
De Shawn Levy
Par Matt Lieberman, Zak Penn
Avec Ryan Reynolds, Jodie Comer, Lil Rel Howery