UN APRES-MIDI DE CHIEN : VIVRE SANS TENDRESSE

  Quatre ans après leur première collaboration sur "Le Parrain" de Francis Ford Coppola, Al Pacino et John Cazale se donne à nouveau la réplique sous la direction de Sidney Lumet dans "Un après-midi de chien". Inspiré d'un fait divers relatant un braquage de banque ordinaire virant au tapage médiatique, le film rafle cette année-là toutes les récompenses des Oscars et des Golden Globes. Le réalisateur, adepte du cinéma qui hante les rues encrassées par la réalité et la misère sociale, s’amourache de la portée sociétale du casse et le transforme en porte-étendard d'un mal-être américain.   Synopsis :  Sonny et Sal entrent dans une banque par une chaude après-midi de l'été 1972 avec l'intention de faire un casse aussi rapide que lucratif. Entre désertion, improvisations et curiosités malvenues, le braquage vire à la prise d'otage ne laissant d'autres choix que la négociation ou la mort.    Les faits divers, et notamment ceux mettant en scène de

ONODA : L'IVRE DE LA JUNGLE


Après des débuts semés d'embûches sur le plan financier et une présentation encensée au Festival de Cannes, le deuxième long-métrage de Arthur Harari est arrivé en salle le 21 Juillet dernier. La réalisation du projet aura nécessité une aide financière de plusieurs pays et un tournage de trois mois au Cambodge pour aboutir dans nos salles. La question qui se pose est la suivante : Devez-vous aller vous perdre dans la jungle avec Onoda ? 


SYNOPSIS : 

Onoda est un soldat de l'armée japonaise engagé dans la seconde guerre mondiale. Toutefois, et contrairement à ses frères d'armes, il a été formé dans une cellule spéciale à ne jamais abandonner le combat et à ne pas se laisser berner par la propagande américaine. Lorsque la capitulation du Japon survient, le soldat Onoda est caché dans la jungle avec plusieurs de ses camarades. Il refuse de croire que la guerre est finie, et entreprend d'assurer le maintien de ses troupes en appliquant la doctrine de la Guerre Secrète sur une île des Philippines. Il y restera 10 000 nuits.

 


 L'histoire d'Onoda est tout bonnement extraordinaire, et cela d'autant plus qu'elle est tirée de faits réels auquel le film reste fidèle. La première fois que j'ai entendu le récit de ce dernier combattant de la Seconde Guerre Mondiale il y a de ça une dizaine d'années, j'avais du mal à imaginer comment un homme pouvait avoir survécu, tant physiquement que psychologiquement, pendant si longtemps dans les méandres de la jungle. Arthur Harari parvient à nous emporter avec lui dans ce voyage au travers d'un esprit endoctriné et loyal, prêt à tous les sacrifices pour mener sa guerre à son terme. 


En effet, Onoda s'éloigne assez vite du film de guerre pour plonger dans la survie de cette poignée d'hommes et leurs rapports avec la réalité. Bien évidemment, l'endoctrinement d'Onoda sera au coeur du long métrage qui ne cessera de nous emmener au travers des réflexions du soldat dans un schéma de pensée où la logique et la raison pure n'ont pas leur place. Onoda c'est donc l'histoire d'un homme prisonnier de son esprit avant d'être celle d'un homme captif de la jungle. Et le travail d'Harari sur cette captivité est vraiment intéressant et nous porte tout au long des 2h47 du long-métrage avec brio. 



Cinématographiquement, Onoda est un pur travail d'équilibriste. Arthur Harari travaille son sujet et sa mise en scène pour rester constamment dans une image cruelle de réalisme mais se laissant sans cesse tentée par l'onirisme et la poésie. Le résultat n'en est que plus appréciable. De même, l'utilisation des flash-back est appliquée avec parcimonie et se heurte brutalement au vieillissement des personnages qui marquent un enfoncement doctrinal toujours plus assumé. Comment s'avouer que l'on s'est trompé lorsque tant de choses ont déjà été commises par cette erreur ? La seule voie est de continuer. Le voile grisâtre de la jungle d'Onoda s'impose tel le voile qui recouvre la réalité de ses soldats, victimes d'une illusion. 


Et c'est la deuxième grande force du film, le rapport que l'on crée entre le spectateur et les personnages. Si il est toujours assez naturel d'avoir de la sympathie pour les héros du cinéma, et d'autant plus ceux qui proviennent de la réalité, ce n'est pas le cas de cette œuvre. Ici les personnages ne sont pas des vecteurs de sympathie, pas plus que d'antipathie, ce sont simplement des hommes que l'on peut comprendre si l'on se place dans leur vision des choses. Au fil des minutes/années qui s'écoulent la résignation gagne aussi bien le spectateur que les personnages dont l'espoir de trouver une fin heureuse semble de plus en plus lointain. Le film conclut sa montée en intensité dans une scène qui confine à l’irréalité d'une personne dont le monde vole en éclats. 

 

 

En conclusion, vous n'avez plus aucune excuse pour dire que le cinéma français n'est pas à la hauteur du 7ème art. Onoda est un très grand film et Arthur Harari confirme qu'il a en lui les qualités d'un très grand réalisateur. Créer, aujourd'hui en France, un film de cette qualité avec les investissements humains et les défis de production que cela représente est absolument enthousiasmant et mérite de faire l'objet de plus d'engouement de la part du public. 

Je vous engage fortement à aller voir ce film et à vous faire un avis, car après tout, rien ne vaut votre propre avis. 

Date de sortie : 21 juillet 2021  / 2h 47min / Drame, Guerre, Historique
De Arthur Harari
Par Arthur Harari, Vincent Poymiro
Avec Yûya Endô, Kanji Tsuda, Yuya Matsuura