UN APRES-MIDI DE CHIEN : VIVRE SANS TENDRESSE

  Quatre ans après leur première collaboration sur "Le Parrain" de Francis Ford Coppola, Al Pacino et John Cazale se donne à nouveau la réplique sous la direction de Sidney Lumet dans "Un après-midi de chien". Inspiré d'un fait divers relatant un braquage de banque ordinaire virant au tapage médiatique, le film rafle cette année-là toutes les récompenses des Oscars et des Golden Globes. Le réalisateur, adepte du cinéma qui hante les rues encrassées par la réalité et la misère sociale, s’amourache de la portée sociétale du casse et le transforme en porte-étendard d'un mal-être américain.   Synopsis :  Sonny et Sal entrent dans une banque par une chaude après-midi de l'été 1972 avec l'intention de faire un casse aussi rapide que lucratif. Entre désertion, improvisations et curiosités malvenues, le braquage vire à la prise d'otage ne laissant d'autres choix que la négociation ou la mort.    Les faits divers, et notamment ceux mettant en scène de

DOCTOR STRANGE IN THE MULTIVERSE OF MADNESS - ESPRIT DE SAM ES-TU LÀ


Avec chaque film du Marvel Cinematic Universe (MCU) vient son lot d'attentes et de déceptions. Les fans et les cinéphiles s'entredéchirent pour savoir lequel des deux groupes n'a pas compris le film ou sa réalisation et pendant un temps ce tapage assourdissant aveugle le grand écran. Toutefois, il arrive que la présence d'un réalisateur cristalise les attentions et c'est le cas de Sam Raimi pour "Doctor Strange in the Multiverse of Madness". 
Alors verdict, la magie de Raimi opère-t-elle dans le multivers ? 

SYNOPSIS :
Devenu l'une des icones de la sauvegarde de l'univers aux cotés des Avengers, et responsable d'une catastrophe avec Peter Parker, Strange poursuit sa vie au rythme de ses enchantements jusqu'au jour où une jeune fille, América Chavez, débarque d'un univers parallèle pourchassé par des démons.

15 ans après la sortie de l'injustement critiqué "Spider-man 3", Sam Raimi enfile à nouveau les collants des super-héros pour réaliser, cette fois, le deuxième opus de Doctor Strange chez Marvel. Ce retour du réalisateur décalé à la patte si reconnaissable et surtout qualitative permettait d'espérer un film estampillé MCU moins tarte que la normale et présentant un intérêt cinématographique. Forcé de constater que la réalité n'est pas à la hauteur de l'espoir que nous plaçions dans le projet, une question demeure. Mais pourquoi ? 

La réponse est assez simple : Le cahier des charges Disney/Marvel. Après une introduction épileptique qui se contente de débiter des informations et des rebondissements pour nous faire comprendre l'ensemble des enjeux qui ne bougeront plus, le film s'oriente vers un MacGuffin classique (prétexte servant à faire avancer le scénario) en la personne d'America Chavez, la jeune fille que tout le monde recherche pour ses capacités spéciales. Seulement, on sent rapidement que cette épilepsie est recherchée. Il faut que les plans soient vifs et qu'on agite le hochet au nez du spectateur pour le garder attentif. Or, cela n'est pas dans le style de Sam Raimi qui préfère au contraire réduire les plans de ses scènes d'action pour les rendre plus lisibles et surtout plus impressionnantes. Mais est-ce pour autant un effacement complet de sa touche personnelle à laquelle on assiste ? Non. 

Sam Raimi s'est aussi fait connaître, outre les aventures du tisseur, par sa trilogie d'horreur décalée "Evil Dead". Et les clins d'oeil ne manquent pas dans le multivers de notre dandy magicien, mais surtout on retrouve ici un Marvel plus sombre et plus violent qu'à l'acoutumer. Meurtres en pagailles et démembrements seront de la partie de même que la panoplie complète de démons et autres joyeusetés surnaturelles. Mais au-delà de son registre, c'est aussi les codes de l'horreur et l'inventivite de certaines scènes qui dénotent la présence du réalisateur. On pensera ici notament à la scène de l'affrontement sur une partition de musique classique, ou celle de l'affrontement des illuminatis qui nous offrent une belle lisibilité des mouvements et des cadres aux mouvements harmonieux, une action qui fait du bien et  que l'on peine à retrouver dans les autres propositions de la firme aux grandes oreilles et aux collants moulants. 

Cependant, on ne peut s'empêcher de grincer face aux facilités d'écriture de certaines résolutions qui semblent émerger tout droit du manuel de la parfaite happy end douce amère. De même, il ne nous est pas difficile d'imaginer ce que cela aurait pu être sans les reshoots imposés par la production ainsi que la quantité astronomique d'effets visuels plus ou moins heureux qui viennent entâcher un savoir-faire que l'on sait possible avec plus de temps et moins de contraintes. 

Le thème principal reste, une fois de plus, un thème cher à son réalisateur puisqu'il s'agit du deuil, de la perte de ses repères et de notre manière de réagir face à cela. Là où Wanda exhulte encore de la mort de Vision et de la perte de ses potentiels enfants, Strange porte le deuil d'une occasion ratée et d'un amour perdu. Pour America, c'est la perte d'un foyer et d'une famille dont il est question. Et chacun trouve sa réponse parmi la multitude d'univers parralèles où s'étendent les possibilités. Des réponses peut-être trop faciles et dépourvues d'impacts sur la trame de fond.

En conclusion, "Doctor Strange in the Multiverse of Madness" est une belle proposition qui échoue à se concrétiser. En ressort un énième opus oubliable et qui surfe sur une facilité bien dispensable. Si l'on a connu plus honteux dans la saga (Oui on parle de toi Venom 2), pas sur que l'intervention de Sam Raimi ne porte plus loin que le succès financier de la sortie en salles. Il serait peut-être temps que les productions super-héroiques comprennent que leurs auteurs et réalisateurs ne sont pas que des prêtes-noms vous ne pensez pas ? 

Quelque soit votre univers, je vous invite à aller voir le film car, après tout, rien ne vaut votre propre avis.

4 mai 2022 en salles / 2h06 min / Fantastique, Action, Aventure
De Sam Raimi
Par Stan Lee, Michael Waldron
Avec Benedict Cumberbatch, Elizabeth Olsen, Chiwetel Ejiofor